Faisons un petit point sur l’ampleur des problèmes récemment révélés par Merril Lynch :

Depuis l’automne 2007, Merril a levé 15,3 Mdd$ de capitaux. Elle augmente à nouveau de 8,5 M$ pour un capital total en bourse de 24 Md$.
Sur la levée de 15,3 Md$, 5 provenaient du fond Temasek qui avait une clause de remboursement si la valorisation du groupe baissait, ce qui a été le cas de 50%. Temasek va en fait être remboursé en action, 2,5M du montant de la revalorisation est en fait constitués d’actions gratuites pour Temasek, qui par ailleurs investit de nouveau 1Md$. Temasek se retrouve donc actionnaire à 24% de ML.

Par ailleurs, 2.4 Md$ sont distribués en tant que « additional dividends » a des actionnaires privilégiés. Seuls 2,6 Md$ ont donc été obtenus en argent frais, de quelqu’un d’autre que Temasek. Sachant que l’on indique que le management de ML a achete lui même 750 k actions, soit 18 Mn$.

L’opération est aussi prévu pour permettre à Merril de se débarasser de 30.6 Md$ de CDO pour 6.7 Md$. En fait, les liguidités utilisées pour cela, 4,4 Md$ (car la vente est à 4,4Md$ de l’estimation précédente de ces CDO), sont exactement celle récupérées par la vente de Bloomberg auparavant. Les sommes nécessaires en urgence qui justifient cette augmentation de capital sont donc pour financer autre chose …

Mais cette vente n’en est pas vraiment une car c’est une opération de portage !
L’acheteur est financé par ML à hauteur de 75%. S’il fait défaut pour rembourser cet emprunt, leur seul garantie sera les CDO eux-même. L’opération apparait ahurissante : Si les CDO remontent, l’acheteur empoche les bénéfices. S’ils baissent encore en dessous des 22%, Merril récupère les pertes.

On pourrait presque croire que l’acheteur est bidon, mais il existe réellement, la compagnie Lone Star a plutôt un profil de requin des finances :

Lone Star has been a successful investor in non-performing loans and real estate. The volatility of capital flows and the tendency of the banking system to cyclically over-finance and then under-finance the property and other sectors provide investment opportunities for Lone Star around the world.

On parle d’un « call » : Lone Star paie 1.7 Md$ pour une option sur 30,6 Md$ d’obligations. Si ceux-ci remontent au dessus de la valeur actuelle de 6.7 Md$, les bénéf s’accumulent pour Lone Star avec un levier de 4. Si la valeur chute en dessous de 5 Md$, Lone Star stoppe la perte en abandonnant ses 1.7 Md$. Très gros bénéf possibles pour une valeur de risque que Lone Star peut encaisser si besoin est (plus de 13.3 Md$ de capital à investir).

Quelques liens sur le sujet avec d’autres infos :
http://lapresseaffaires.cyberpresse.ca/article/20080728/LAINFORMER/80728176/-1/LAINFORMER
http://www.nakedcapitalism.com/2008/07/what-hath-merrill-wrought-tally-of.html
http://wallstreetexaminer.com/?p=2973
Sur Temasek, mais voir aussi les commentaires : http://calculatedrisk.blogspot.com/2008/07/on-merrill-stock-dilution-plan.html
http://www.rgemonitor.com/roubini-monitor/253164/