sia-conseil – La cogénération nucléaire, une formidable économie d’énergie
Récupérer la chaleur produite par les 2/3 tiers de la production d’une centrale gaché, cela semble un peu magique. En pratique, il y a toute sorte d’obstacle, ne serait-ce celui de l’image sale de toute ce qui est lié au nucléaire.
Pourtant l’ensemble des besoins de chaleur de la France pourrait être plus que couvert par l’énergie thermique fatale des centrales. Et normalement cela réduirait sensiblement la consommation électrique, ce qui compenserait la perte de rendement nécessaire pour obtenir une chaleur à plus haute température utilisable pour cela.

L’idée n’est pas si nouvelle : Sujet Cogénération nucléaire, sur un forum en Jan 2008

Voir quelques réactions supplémentaires chez l’Expansion

Quelques commentaires de plus de B.M. :
– la réseau de Paris n’est pas du tout adapté : il fonctionne en vapeur à 20 bar et 240°C. il faudrait soutirer sur la turbine HP à au moins 30 bars, et mélanger cette vapeur avec de la vapeur sortie des générateurs pour avoir un peu de surchauffe.
– Pour les 9 TWh annuels, ce soutirage ferait environ 1600 t/h de vapeur soit 40% de la vapeur produite par les GV. Perte environ 4, 5 TWh annuels. Et le kWh CPCU n’est vraiment plus cher que le KWh EDF
– Etudié en détail dans les années 1960 pour Bugey 1. Le graphite gaz était techniquement plus favorable puisque fonctionnant avec de la vapeur surchauffée à bien plus haute pression que les PWR. Le fluide caloporteur était de l’eau sous pression à 150°C Le projet n’avait pas trouvé son seuil de rentabilité.
– Réalisations Tchèques et Slovaques : Utilisation pour le chauffage urbain du débit de vapeur disponible à la sortie du réacteur lorsque la turbine est à charge partielle.
– Expérience : Une unité de production ayant une puissance du tiers de la puissance de pointe suffit à couvrir 70% des besoins, le reste étant produit avec des chaudières à gaz, voire à fioul domestique

Sujet aussi abordé sur Oléocène : les rapporteurs « rêvent » en ce qui concerne du chauffage urbain à plus de 200km et Le parc des chaufferies représente une puissance installée de 18,5 GW. [… contre 160 perdus dans le nucléaire et les centrales thermiques …] la perte
de température n’excéderait pas 1°C par dizaine de kilomètres parcourus […] convoyer […] mieux, plus tard, à travers des changements de phase de l’ammoniaque
,

Voir le site de la CPCU (Compagnie Parisienne de Chauffage Urbain) pour voir que leur méthode sont déjà extrêmement efficaces et bien conçues :
http://www.cpcu.fr/
– Cogénération en gaz naturel, 1 000 GWh électrique pour 6 300 GWh thermique annuel générés
– Utilisation de la biomasse, valorisation des déchets ménagers : base de la chaleur livrée par CPCU fournie par la valorisation énergétique des déchets ménagers non recyclables
– Récupération de chaleur des égouts (transfert chaleur par caloporteur + PAC)
– Géothermie y compris pour du froid (thermofrigopompes)
– co-combustion bois charbon
– Objectif : + de 50% d’énergies locales, renouvelables et de récupération
– totalité des mâchefers et cendres issus de la combustion du charbon sur le site CPCU de Saint-Ouen utilisés en cimenterie : combler des carrières, construire des routes ou des terrains de sport

Boucles d’eau chaude :
– 16 BEC en métropole parisienne.
– rendement de distribution de plus de 95%.
– inertie thermodynamique de l’eau chaude pour lisser les pics de consommation
– fonctionnement en eau chaude basse température, telles que les ressources géothermales du bassin parisien ou la chaleur récupérée sur les eaux usées
– pertinentes pour desservir des immeubles répondant aux exigences des réglementations thermiques des bâtiments (s’intègre aux schémas de renouvellement ou d’aménagement urbain : éco-quartiers ou quartiers durables)

Une autre idée intéressante dans le domaine : http://www.enerzine.com/753/reduire-de-5-a-10-pct-l-energie-des-immeubles-d-une-ville-entiere/participatif.html
– procédé CORSAIRE vise à corriger de 5 à 10°C (utiles) la chute hivernale de la température des réseaux d’eau potable urbain (de moyenne et haute latitudes) avec de l’énergie-chaleur « fatale » issue de sites industriels
– La chaleur de l’eau industrielle est ensuite cédée à l’eau potable dans une Station d’Echange Thermique (SET)
– Le gain en température chez les consommateurs finaux est alors encore de 5 à 10°C
– OMS) recommande pour l’eau potable en réseau une température cible de 8 à 15°C
– les lave-linge et lave-vaisselle utilisent près de 90% de leur consommation électrique pour chauffer l’eau
– Hors chauffe-eau électrique, pour ces machines on peut déjà escompter une économie d’énergie électrique de l’ordre de 5%
– rincer à l’eau tempérée (16°C) plutôt que glacée (6°C) en hiver réduit le « durcissement » par choc thermique du linge
– Chaque action d’une chasse d’eau peut emporter jusqu’à 700 kJ de chaleur pris sur le chauffage de l’immeuble
– la CPT de Porcheville (avec 5’000 MW en eau de refroidissement) pourrait servir au procédé CORSAIRE à l’échelle de l’Ile de France

Une présentation de l’état des réseaux de chaleur en France :
Ministère du Développement durable : Énergies > Présentation des réseaux de chaleur
Ministère du Développement durable : Énergie-climat Bâtiment > Réseaux de chaleur > Actualité

Et sinon cette idée de cogénération nucléaire est une très vieille lune, l’AIEA en parlait déjà en 1984 :
iaea bulletin : 26/4
Les applications de la chaleur nucléaire dans le monde (par Juergen Kupitz et Milan Podest)