Il y a quelques semaines l’annonce d’un taux record de 70% de renouvelable au Portugal sur les premiers trimestres 2013 a été fortement relayée.

On ne peut que remarquer le contraste avec l’indifférence qui a accueilli les performances du Portugal dans le domaine depuis plusieurs années. Pourtant elles sont depuis longtemps élevées avec un objectif affiché de 60% de renouvelables en 2020 et comme le confirment les données que j’avais rassemblées à ce sujet l’année dernière.

Le problème du Portugal en tant que « Poster Boy » de la conversion aux énergie renouvelables, c’est que cela ne l’a pas protégé de la crise, qui l’a même conduit à couper l’attribution des nouvelles licences éoliennes.

Si le Portugal a pu se permettre des installations éoliennes qui peuvent représenter des pics de 93% de sa consommation, c’est qu’il est tellement intégré dans le réseau Espagnol avec des interconnexions de tous cotés, au moins 7/8 lignes THT (à tel point que l’opérateur national représente la consommation locale comme une sous-partie de celle de la « grille ibérique »), que les exportations peuvent atteindre un niveau massif. Mais l’Espagne ayant choisi une stratégie comparable de temps en temps, la capacité du réseau est saturée pour les 2. L’exportation vers la France est la solution, et la nouvelle ligne souterraine qui doublera la capacité de 1,4GW à 2,8GW est essentielle. Ligne enterrée extrêmement couteuse, cela passe le budget de 80 à 700 millions contre une ligne aérienne, et subventionnée à hauteur de 225 million par l’UE, auxquels s’ajoutent 350 millions d’euro de prêt de la BEI.
Si l’on consulte les graphes journaliers de l’opérateur REN, on constate effectivement les variations fortes du niveau des exportations qui peuvent atteindre 1,2GW pour une consommation total autour de 5GW, et se transformer dans la même journée en importations à hauteur de 600MW.

La récupération des statistiques mensuelles depuis le début de l’année, montre que le début d’année a été extrêmement arrosé avec un niveau de remplissage des barrages qui au lieu de diminuer de 47 à 43% en 2012 passe cette fois-ci de 72 à 88%.

Résultat, en un an, la capacité l’hydraulique n’est passée que de 4,985 à 5,239 GW, une augmentation de 5,1%, mais la production elle de 1,275 à 5,26TWh ! (soit +410%).
Et c’est similaire pour l’éolien qui passe de 2,35 à 3,76 TWh générés grâce à un facteur de charge passé de 26 à 41% entre les 3 premiers mois de 2012 et ceux de 2013.

En fin de compte, si les deux ensemble représentent bien, avec le PV, 70,95% de la consommation, ils ne faisaient que 28,21% sur la même période en 2012, et surtout l’écart s’explique à 95% pour l’hydro et à 98% pour l’éolien, par des variations aléatoires de production et non l’ajout de la moindre capacité.
Et aussi par une diminution de 2,5% de la demande électrique reflétant que l’état de crise ne s’améliore pas au Portugal. Ce qui a conduit à un arrêt quasi complet de l’installation de capacités subventionnées, passées de 6,52GW en mars 2012 à 6,64GW en mars 2013.

Bref la vraie leçon de l’histoire est que même sur une durée de 3 mois, le niveau de production des énergies renouvelables peut être extrêmement variable, un problème de plus à intégrer si l’on souhaite en faire sa source principale d’énergie.

Référence : Tableau des données extraites du site REN pour mars, février, janvier et des calculs réalisés